Derniers Vers
La Rivière de Cassis

La rivière de Cassis roule ignorée
En des vaux étranges :
La voix de cent corbeaux l'accompagne, vraie
Et bonne voix d'anges :
Avec les grands mouvements des sapinaies
Quand plusieurs vents plongent.

Tout roule avec des mystères révoltants
De campagnes d'anciens temps ;
De donjons visités, de parcs importants :
C'est en ces bords qu'on entend
Les passions mortes des chevaliers errants :
Mais que salubre est le vent !

Que le piéton regarde à ces claire-voies :
Il ira plus courageux.
Soldats des forêts que le Seigneur envoie,
Chers corbeaux délicieux !
Faites fuir d'ici le paysan matois,
Qui trinque d'un moignon vieux.

Mai 1872.

- Autographe donné par Arthur à Jean-Louis Forain, passé dans la collection Louis Barthou. Texte du manuscrit autographe de la Bibliothèque Nationale (ancienne collection Barthou).
- Il existe une autre copie que Rimbaud écrivit pour Verlaine, non datée, sans titre, sans ponctuation, aujourd'hui dans la collection Pierre Bérès. Elle a été publiée la première fois dans La Vogue n° 9, 21 juin 1886.

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