Textes inédits de Rimbaud
d'Edgar Poe
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Famille maudite.

L'eau pure comme le sel des larmes d'enfance
Ou l'assaut du soleil par les blancheurs des femmes,
Ou la soie, en foule et de lys pur ! - des oriflammes,
Sous les murs dont quelque Pucelle eut la défense,

Ou l'ébat des anges ; - le courant d'or en marche,
L'Eau meut ses bras lourds, noirs, - et frais surtout, - d'herbe. Elle,
L'Eau sombre, ayant la nuit pour ciel-de-lit, appelle
Pour rideaux l'ombre de la colline et de l'arche.

***

Eh ! l'antique matin tend ses réseaux limpides.
L'air meuble d'or pâle et sans fond les couches prêtes.
Les robes, - vertes et déteintes – des fillettes
Font les saules d'où sautent les oiseaux sans brides.

Plus jaune qu'un louis, chaude et grasse paupière,
Le Souci d'eau, ta foi conjugale, à l'Epouse,
De son terne miroir immobile, jalouse
Au ciel gris de chaleur la Sphère rose et claire !

***

Madame se tient trop debout dans la prairie
Prochaine où neigent les fils du travail ; l'ombrelle
Aux doigts, foulant l'ombelle ; trop fière pour elle
Des Enfants lisant dans la verdure fleurie
Leur livre de maroquin rouge – Ah ! Lui comme
Mille Anges blancs qui se quittent au haut des routes,
Disparaît par delà la montagne ! Elle, toute
Folle, et noire, court, après le départ de l'homme !

***

Qu'elle pleure à présent sous les remparts ! l'haleine
Des peupliers d'en haut est pour la seule brise.
La voilà nappe, sans reflets, sans source, grise.
Un vieux, dragueur, dans sa barque immobile, peine.

Regret des bras épais et jeunes d'herbe pure !
Or des lunes d'avril au cœur du saint lit ! Joie
Des chantiers riverains à l'abandon, en proie
Aux soleils d'août - qui faisaient germer ces pourritures !
      soirs

***

- Jouet de cet oeil d'eau morne, je n'y puis prendre
O Ma barque immobile ! et mes bras trop courts ! – Ni l'une
Ni l'autre fleur ; ni la jaune qui m'importune,
Là, ni la bleue – amie à l'eau couleur de cendre.

O la poudre des saules qu'une aile secoue !
Les roses des roseaux dès longtemps dévorées :
Mon canot, toujours fixe, et sa chaîne tirée
Au fond de cet oeil d'eau sans borne – à quelle boue !

R.

- Autre version du poème "Mémoire", réapparue en 2004 dans les papiers des descendants de la femme de Verlaine, la famille Mauté.

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