Album Zutique
Le Sonnet du Trou du Cul

Par Arthur Rimbaud et Paul Verlaine

En forme de parodie d'un volume d'Albert Mérat, intitulé l'Idole, où sont détaillées toutes les beautés d'une dame : Sonnet du front, Sonnet des yeux, Sonnet des fesses, sonnet du..., dernier sonnet.

Obscur et froncé comme un oeillet violet
Il respire, humblement tapi parmi la mousse
Humide encor d'amour qui suit la pente douce
Des fesses blanches jusqu'au bord de son ourlet.

Des filaments pareils à des larmes de lait
Ont pleuré, sous l'autan cruel qui les repousse,
À travers de petits caillots de marne rousse,
Pour s'en aller où la pente les appelait.

Ma bouche s'accoupla souvent à sa ventouse ;
Mon âme, du coït matériel jalouse,
En fit son larmier fauve et son nid de sanglots.

C'est l'olive pâmée, et la flûte caline ;
C'est le tube où descend la céleste praline :
Chanaan féminin dans les moiteurs éclos !

Paul Verlaine

- Autre version du "Sonnet du trou du cul", parue dans "Hombres" de Verlaine, recueil publié "sous le manteau" chez Messein en 1903. En face des deux quatrains, on trouve : Paul Verlaine fecit, et en face des deux tercets : Arthur Rimbaud invenit.



Hit-Parade